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Un nouveau rapport, établi par des chercheurs italiens, montre que le projet controversé de Senhuile, au Sénégal, est au bord de l’effondrement. Le projet, initié par des investisseurs italiens et sénégalais il y a quatre ans pour produire des biocarburants, a provoqué une résistance farouche des communautés affectées par le projet qui s’est soldée par six décès.
Les investisseurs affirment avoir obtenu les droits pour 45 000 hectares de terres, alors que la société n’a cultivé qu’une petite partie de cette surface ; pire encore, l’ancien PDG de Senhuile, démis de ses fonctions, contre-attaque l’entreprise en justice pour divers motifs.
Deux villageois ont été tués et le projet a ensuite été suspendu et transféré dans un nouvel emplacement, dans le Ndiael. Là, plusieurs enfants de la région se sont noyés dans les fossés d’irrigation non protégés du projet, tandis que des soupçons de financement illicite ont ébranlé la crédibilité de l’entreprise. Maintenant, un nouveau rapport établi par des chercheurs italiens et publié par Re:Common montre que les opérations de relations publiques de l’entreprise se retournent contre elle et que le projet s’embourbe de plus en plus profondément dans le conflit et les contradictions.
« Depuis trois ans que le Gouvernement lui a octroyé un bail, le projet Senhuile-Senethanol a provoqué, outre des problèmes avec les populations locales, une guerre des actionnaires. L’échange d’accusations entre l’ancien DG Benjamin Dummai et le Tampieri Financial Group jette une ombre inquiétante sur la direction, que ce soit l’actuelle ou l’ancienne. L’entreprise locale, plus intéressée par le pouvoir que par le véritable objectif alimentaire du projet, a déjà recueilli les fruits de tout ça, » a déclaré Lorenzo Bagnolli, un journaliste indépendant de l’Investigative Reporting Project Italie, une organisation italienne de journalistes d’investigation, qui a travaillé sur le rapport..
Quelques résultats clés du rapport :
– L’entreprise a licencié son PDG, Benjamin Dummai, qui a par la suite été emprisonné pour détournement de fonds, mais ce dernier contre-attaque maintenant Senhuile en justice pour 14 infractions, notamment collecte frauduleuse de capitaux et blanchiment d’argent.
– Au cours des dernières semaines, les investisseurs italiens ont clairement fait savoir que leurs propriétés foncières au Sénégal ne se limitent pas aux 20 000 ha qui leur ont été attribués dans la région du Ndiael. Ils affirment avoir conservé les droits sur les 20 000 ha qui avaient été initialement cédés au projet à Fanaye. Ils affirment également avoir récemment acquis 5 000 ha à Fass Ngom. Pourtant, l’entreprise n’a réussi à cultiver que 1 500 ha au cours de l’année écoulée, ce qui soulève de sérieuses questions sur la raison pour laquelle les autorités lui ont alloué autant de terres. Dans toutes les zones concernées par le projet, ce dernier est farouchement contesté par les agriculteurs et les éleveurs qui ne parviennent plus à gagner leur vie. De nombreuses rumeurs circulent sur l’éventuelle reprise du projet par une grande société américaine ou ouest-africaine.
– Tampieri a passé la dernière année à investir massivement dans un travail de relations publiques pour gagner la confiance et l’estime (des populations) dans les villages qui entourent le site du projet. Cependant, des visites menées dans les communautés font apparaître une contradiction flagrante entre les discours de l’entreprise et ce que vivent les gens sur le terrain et révèlent la vacuité du programme de responsabilité sociale de l’entreprise.
– Les pires conséquences du projet sont des souffrances bien réelles pour la population et la perte de vies humaines. Le mois dernier, un éleveur de 16 ans s’est noyé en essayant de traverser le canal d’irrigation de la société et la famille se prépare à déposer plainte. L’entreprise a également mis à pied des travailleurs et s’oppose aux 37 villages entourant le projet qui lui demandent de plier bagages et rentrer chez elle.
« uelle que soit la position qu’on peut avoir sur le développement ou la gestion des ressources foncières, on ne peut pas continuer à mettre on ne peut pas continuer à mettre en évidence les réalités concrètes du terrain ainsi que les preuves d’irrégularité incessantes de l’entreprise, alors que celle-ci se contente de nier et de cacher les divisions, contradictions et conflits qui existent sur le terrain et dans le projet même. Cela fait 5 ans qu’il y a un conflit ouvert autour de ce projet. Cela ne peut pas continuer comme ça, » a déclaré Davide Cirillo, chercheur du collectif italien WOTS [Walking on the South], qui a beaucoup travaillé avec les communautés sénégalaises.
Ce rapport est lancé collectivement par le Collectif pour la Défense du Ndiaël et Re:Common, en cooperation avec GRAIN, Investigative Reporting Project Italy (IRPI), SUNUGAL, et le collectif Walking on the South (WOTS?), des groupes italiens, sénégalais et internationaux qui ont travaillé ensemble pour démontrer que le projet Senhuile est illégitime et nuisible.
Pour plus d’informations :
Luca Manes, Re:Common
+ 39 335 572 1837
lmanes@recommon.org
Lorenzo Bagnoli, IRPI
+39 333 233 3043
lo.bagnoli@gmail.com
A savoir plus
Qui est derrière Senhuile-Senethanol ? – Nov 2013